lettre à Manuel Valls
lettre à Manuel Valls
Monsieur le Premier Ministre,
Le département du Val-de-Marne se trouve dans une situation critique du point de vue de la démographie médicale. Le Conseil national de l’ordre des médecins a publié son Atlas 2015 et vient confirmer nos craintes.
En France, de manière globale, 25% des médecins diplômés n’exercent pas de fonction clinique, les jeunes médecins travaillent moins que leurs prédécesseurs voulant mieux concilier, à juste titre et à bon droit, vie de famille et vie professionnelle.
La Conférence de territoire de santé du Val-de-Marne (CTS 94) s’est tenue le 23 septembre 2015, après des mois de préparation. Le diagnostic qu’elle fait de la démographie médicale, qui était le sujet de la conférence, est préoccupant. Nous vous livrons ici quelques-uns des chiffres les plus frappants.
Dans le Val-de-Marne, 36,4% des médecins généralistes libéraux ont plus de 60 ans, et l’Agence régionale de Santé d’Ile-de-France prévoit le départ de 42% des médecins franciliens (tous statuts confondus) dans les 10 ans à venir. Dans le département, huit communes ont déjà suscité l’attention des pouvoirs publics : Orly, Chevilly-Larue, Alfortville, Gentilly, L’Hay-les-Roses, Bonneuil-sur-Marne, Valenton et Villeneuve-le-Roi. La pénurie des professionnels de santé ira malheureusement croissant. Il apparaît clairement à tous les membres de la CTS 94 que le département du Val-de-Marne est un territoire qui pâtit et pâtira d’un déficit de médecins de ville. D’ailleurs, de nombreuses communes se mobilisent pour construire des réponses adaptées aux besoins de santé de leurs populations, avec leurs partenaires.
Aujourd’hui, nous ne ressentons pas encore les effets de l’augmentation récente du numerus clausus. La CTS 94 du 23 septembre a d’ailleurs été l’occasion d’un débat sur l’efficacité d’une nouvelle hausse du numerus clausus dans la lutte contre la désertification médicale. Nous saluons l’engagement du Gouvernement pour lutter contre les déserts médicaux, dans le cadre du Pacte Territoire Santé et reconnaissons l’effort, en période de contrainte budgétaire, de la Ministre de la Santé et des Affaires sociales de porter à 1.500 le nombre de contrats d’engagement de service public d'ici à 2017 (159 contrats déjà signés depuis 2010 en Ile-de-France et 88 nouveaux contrats proposés pour 2014-2015). Cependant, cet effort, quoique salutaire, nous paraît insuffisant au regard de la situation. C’est pourquoi, alors que le Projet de loi de modernisation de notre système de santé est examiné au Sénat en septembre 2015, la conférence de territoire de santé du Val-de-Marne souhaiterait apporter sa contribution modeste au débat.
Ainsi elle propose au Gouvernement et aux parlementaires du Val-de-Marne ces dispositions :
- Augmenter les financements complémentaires dédiés aux dynamiques territoriales de santé ;
- Amplifier les dispositifs d’aide à l’installation dans le Val-de-Marne (CESP et PTMG) et les simplifier pour en faciliter l’accès ;
- Valoriser et développer, durant la formation des étudiants, la pratique ambulatoire et la filière universitaire de la médecine générale, avec des mesures concrètes ;
- Intégrer dans les heures de formation un moment de découverte et d’échanges sur les potentialités qu’offre le territoire en matière d’installation ;
- Augmenter les stages en ambulatoire et faciliter leur accès (logement, transports)
- Accélérer le développement de la médecine délocalisée qui consiste à pratiquer la médecine sur plusieurs sites ;
- Alléger les charges administratives des professionnels de santé ;
- Favoriser un guichet unique pour les futurs professionnels de santé en région.
Telles sont les propositions que la Conférence de territoire de santé du Val-de-Marne porte au Gouvernement et aux parlementaires du département du Val-de-Marne.
En souhaitant que, dans l’intérêt général, vous ayez une attention particulière à ces propositions portées par l’ensemble des acteurs de notre territoire, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de notre très haute considération.
Pour les membres de la Conférence de territoire de santé du Val-de-Marne,